Actu Santé Janvier-Mars 2013

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HÔPITAUX

CHIRURGIE

DE LA PHASE AIGÜE À LA RÉÉDUCATION Le blessĂ© de conflits armĂ©s est pris en charge soit aprĂšs un sĂ©jour en rĂ©animation, soit hospitalisĂ© directement en service de chirurgie orthopĂ©dique et plastique : la phase aigĂŒe de sa prise en charge. Les lĂ©sions sont gĂ©nĂ©ralement constituĂ©es d’atteintes pluritissulaires des membres. Nombre de ces poly-fractures exigent une stabilisation en urgence dans une formation de l’avant. Elle est rĂ©alisĂ©e Ă  l’aide d’un fixateur externe, par des fiches intra-osseuses mises en place Ă  distance du foyer de fracture. Ce geste est peu hĂ©morragique et sĂ»r vis-Ă -vis du risque infectieux.

L

a thĂ©rapie par pression nĂ©gative (TPN) rĂ©alise initialement un pansement stĂ©rile et Ă©tanche aspirant les exsudats durant la phase d’évacuation Ă©vitant les infections croisĂ©es et participant ensuite Ă  la cicatrisation ou prĂ©parant des gestes de couverture par lambeaux. Cette thĂ©rapie est coĂ»teuse mais permet une cicatrisation plus rapide qu’une cicatrisation dirigĂ©e. Pour favoriser celle-ci, un bilan nutritionnel est rĂ©alisĂ© puis réévaluĂ© chaque semaine. La prise en charge globale est assurĂ©e par une Ă©quipe pluri- professionnelle qui prend

des soins multiples. Le blessĂ© est Ă  cette pĂ©riode dans une phase d’acceptation de ses blessures avec un Ă©tat fluctuant, rĂ©git par la douleur, le changement de son image corporelle et le retentissement de nombreuses anesthĂ©sies gĂ©nĂ©rales. En effet, la rĂ©fection des pansements se fait au dĂ©but au bloc opĂ©ratoire, toutes les 48h/72h puis en chambre. L’écoute par l’équipe est essentielle, primordiale. Son ressenti, ses inquiĂ©tudes, ses doutes pour son avenir dans son mĂ©tier de soldat sont souvent ses principales prĂ©occupations. L’équipe doit amener le patient Ă  s’autogĂ©rer en donnant les conseils adaptĂ©s

Fixateur externe suite Ă  fracture

en compte les soins chirurgicaux, mĂ©dicaux et Ă©galement administrative. Ce volet assurera l’ouverture du dossier pension et les diffĂ©rents documents pour permettre au militaire et ses proches l’ouverture des droits. La Cellule d’aide aux blessĂ©s de l’armĂ©e de Terre (CABAT) intervient dĂšs le premier jour. Cette solidaritĂ© militaire, cette prise en compte par l’administration permettent au blessĂ© de se consacrer Ă  sa guĂ©rison. L’hospitalisation est souvent longue, marquĂ©e par

Ă  la perte d’un membre ou Ă  son appareillage. Le fixateur externe est souvent encombrant Un peu d’histoire Le fixateur externe remonte Ă  la fin du 19e siĂšcle. En 1979, le Service de SantĂ© des ArmĂ©es a conceptualisĂ© l’utilisation de la fixation externe (FESSA, remplacĂ© en 2000 par le PERCY FX). Il permet de stabiliser dans les structures chirurgicales de l’avant, les fracas des membres avant Ă©vacuation.

et parfois lourd. Celui-ci restera en place de quinze jours Ă  neuf mois selon l’avancement de la consolidation des fractures. Le blessĂ© reviendra rĂ©guliĂšrement en hospitalisation. Il passera par la phase chirurgie rĂ©paratrice et reconstructrice. Il s’agit lĂ  de chirurgie des sĂ©quelles. Nous avons la chance dans le service d’avoir les deux spĂ©cialitĂ©s orthopĂ©die et plastique rĂ©paratrice et reconstructrice qui sont complĂ©mentaires. Un gros travail est rĂ©alisĂ© par l’équipe pour dĂ©montrer au blessĂ© que la vie continue et que des solutions existent. Les paramĂ©dicaux militaires, dont un grand nombre ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© des missions, sont considĂ©rĂ©s comme de vĂ©ritables « frĂšres d’arme » par le militaire blessĂ©. Le militaire devra au fil du temps s’approprier sa nouvelle vie et gĂ©rer un Ă©ventuel handicap. Les anciens blessĂ©s de guerre qui ont repris une activitĂ© au sein de leur rĂ©giment, viennent visiter leur camarade : leur impact positif sur le moral des blessĂ©s en soins est trĂšs important. La motivation de la plupart des blessĂ©s est de reprendre au plus vite leur mĂ©tier de militaire. Ils vont se surpasser pour atteindre cet objectif. Ils quittent le service aprĂšs avoir Ă©tĂ© « chouchoutĂ©s » dans une pĂ©riode difficile vers le service de rééducation et rĂ©adaptation. Ils ont beaucoup avancĂ©, appris sur eux-mĂȘmes. Toutes ces Ă©tapes jalonnent un long chemin parfois semĂ© d’alĂ©as, mais qui, avec une forte volontĂ©, permettra d’atteindre la finalitĂ© : reprendre une vie normale.  Equipe paramĂ©dicale du service de Chirurgie OrthopĂ©dique et Chirurgie Plastique, HIA Percy

ACTU SANTÉ ‱ # 130 ‱ janvier - mars 2013 ‱

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