TROISCOULEURS #193 - novembre 2022

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LES NOUVEAUX

En bref

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Elle fait ses dĂ©buts au cinĂ©ma dans Saint Omer d’Alice Diop. Mais Kayije Kagame n’a rien d’une dĂ©butante ; la trentenaire genevoise a dĂ©jĂ  un prestigieux parcours sur les planches derriĂšre elle. Dans Saint Omer (lire p. 18), elle incarne Rama, romanciĂšre enceinte saisie d’une obsession pour un infanticide. « Pour la premiĂšre fois, je rencontrais un personnage qui me parlait intimement et me dĂ©passait en mĂȘme temps », nous confie-t-elle d’un sourire impĂ©rial, lovĂ©e dans le coquet studio pari­sien oĂč elle loge. Depuis ses Ă©tudes théùtrales Ă  la prestigieuse ENSATT de Lyon, Kayije Kagame cultive sa pluridisciplinaritĂ©. LibertĂ© qu’elle attribue au metteur en scĂšne amĂ©ri­cain Robert Wilson, avec qui elle a Ă©tudiĂ© Ă  New York avant qu’il ne la dirige en 2014 dans une adaptation des NĂšgres de Jean Genet Ă  l’OdĂ©on. « Il m’a appris Ă  ouvrir le champ des possibles, sans m’as-

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signer Ă  la fonction d’actrice », affirme l’artiste, qui est aussi dramaturge. Elle prĂ©sentera en mars prochain au Théùtre de Gennevilliers le diptyque IntĂ©rieur vie/ IntĂ©rieur nuit, composĂ© d’une piĂšce de théùtre, qu’elle a conçue et dans laquelle elle joue, et d’un court mĂ©trage, qu’elle a corĂ©alisĂ©. Elle qui a collaborĂ© avec de grands artistes contemporains (JĂ©rĂŽme Bel, Jon Fosse
) Ă©voque son admiration pour Tilda Swinton et sa capacitĂ© Ă  Ă©tablir « un dialogue Ă  Ă©galitĂ© » avec les cinĂ©astes. Une approche qui Ă©blouit dans Saint Omer : « On a tissĂ© ce rĂŽle ensemble, avec Alice, qui a créé un dispositif oĂč chacun Ă©tait traversĂ© par la fiction sans discontinuer. » Une chose est sĂ»re : Kayije Kagame, elle, est traversĂ©e par une intense inspiration. Saint Omer d’Alice Diop, Les Films du Losange (2 h 02), sortie le 23 novembre Photographie : Julien LiĂ©nard pour TROISCOULEURS

no 193 – novembre 2022

DAVID EZAN

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Au festival international du film indĂ©pendant de Bordeaux (FIFIB), il prĂ©sentait son court mĂ©trage VirĂ©e sĂšche, qui porte toutes ses angoisses sur l’urgence climatique Ă  travers un trip virtuose dans un after de rave oĂč l’eau vient Ă  manquer. NĂ© en 1995 en Haute-Savoie, ThĂ©o Laglisse a captĂ© Ă  8 ans qu’il se passait quelque chose autour du dĂ©rĂšglement climatique. En 2003-2004, il a Ă©tĂ© percutĂ© par la canicule record, la sortie du film catastrophe Le Jour d’aprĂšs de Roland Emmerich, et des docu-fictions alarmants sur le rĂ©chauffement de nos Ă©cosystĂšmes. Cette inquiĂ©tude, il la transcende Ă  travers VirĂ©e sĂšche. Un cri d’alerte Ă  travers la fuite frĂ©nĂ©tique en after techno de Jordane et de sa petite sƓur qui, perdues entre des raveurs intoxiquĂ©s, cherchent Ă  s’hydrater tandis qu’une coupure d’eau touche Mar-


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